Le bleu añil, une couleur pleine d’histoire.

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Intense, presque foncé, le bleu añil aussi appelé Indigo, évoque la nuit ou les profondeurs des océans, il se situe entre le violet et le bleu de l’arc-en-ciel. Ce colorant est aujourd’hui en partie fabriqué au Mexique et l’histoire a traversé les âges. Dans la région de Oaxaca, il sert dans la teinture de la laine avec laquelle sont fabriqués les tapis mexicains de Sancho Poncho.

Histoire

Des traces de pigment bleu añil ont été retrouvées sur des vestiges préhispaniques ce qui témoigne de son utilisation au Mexique et en Amérique Centrale depuis des temps ancestraux. 

Dès l’arrivée des espagnols, ce colorant bleu très prisé en Europe, a vu sa fabrication et son exportation croître. Avec L’Inde, les pays du Nouveau monde étaient les principaux producteurs d’Indigo, mettant à mal par la même occasion la production du bleu de Pastel, pigment bleu créé dans le sud de la France. 

Au 19ème siècle, la molécule de l’añil naturel a été identifiée et son substitut chimique a permis aux industriels de fabriquer à moindre coût un colorant bleu plus rentable. 

Aujourd’hui, le bleu de synthèse est surtout utilisé pour les textiles : les bleus de travail et surtout nos jeans.

Dans les pays producteurs de l’añil naturel, la production est désormais très faible. C’est un produit rare, précieux et couteux car fortement dépendant des conditions climatiques. La plante est récoltée une fois par an et son processus de fabrication est long et très précis.

Process de fabrication

Le colorant bleu añil se présente sous forme d’une pâte fermentée. Pour obtenir ce produit, il faut suivre un processus de fabrication connu depuis les temps préhispaniques.

  1. Les feuilles et jeunes branches de l’arbuste Indigofera aussi connu localement comme la Xiquilite (ou Xiuhquílitl, « herbe bleue » en náhuatl) sont récoltées après la saison des pluies en septembre-octobre.
  2. Les feuilles et branches sont triturées puis posées dans un récipient et maintenues dans le fond avec des pierres. Le récipient est rempli d’eau et laissé ainsi pendant au moins 12 heures. La teinture se diffuse alors dans l’eau.
  3. Le mélange est ensuite remué et aéré pendant parfois plusieurs jours pour faire entrer de l’oxygène, source de fermentation permettant à la teinture bleue d’être insoluble, elle est appelée Indigotine. Le mélange est ainsi laissé au repos pour que le sédiment bleu se dépose au fond du récipient. 
  4. Le colorant mélangé à l’eau est ensuite filtré puis séché au soleil pour obtenir la pâte qui servira de teinture.

La fabrication peut durer jusqu’à une dizaine de jours. La pâte est ensuite vendue aux artisans de Oaxaca, Puebla et Veracruz pour teindre les vêtements, tissus et fils.

L’indigotine insoluble lui permet d’être récoltée facilement dans son bain d’eau. Ensuite, pour teindre les fibres, il faut la mélanger avec un réducteur pour la rendre soluble pour qu’elle pénètre ainsi les fibres. Au contact de l’air, une nouvelle oxydation a lieu ce qui donne au colorant sa couleur définitive et lui rend egalement son caractère insoluble et donc, très résistant aux lavages. 

Aujourd’hui, au Mexique, l’añil se cultive et se produit encore dans quelques régions et communautés du Michoacán (Huacana), Puebla (Hueyapan), Chiapas ou Oaxaca (Santiago Niltepec). Ce sont ces villages qui permettent aux artisans de Oaxaca de pourvoir teindre leur fil de laine en bleu. 

En achetant un objet artisanal, produit localement avec des matériaux naturels et selon des traditions ancestrales, vous participez à la transmission des savoirs faires mexicains. 

Pour en savoir plus, voici un reportage au sein des producteurs de Santiage Niltepec.

http://oaxaca.eluniversal.com.mx/especiales/07-10-2018/los-ultimos-guardianes-que-conservan-el-azul-anil-en-niltepec-oaxaca

Les produits Sancho Poncho qui contiennent du bleu añil.